Année 988 – adoption de la religion orthodoxe en Russie.
Dans le christianisme, une icône est considérée comme une manifestation de la vérité divine et un peintre d’icônes, lorsqu’il crée une image, n’assume que le rôle d’intermédiaire, de conducteur de cette vérité. Le prototype de l'icône et ses reproductions canoniques ont donc un sens spirituel équivalent. Il n’est pas question d’authenticité pour l’icône, chaque icône canonique est authentique, car elle indique un prototype divin. Cela peut s'expliquer par le grand nombre de types d'icônes différents, érigés d’une même source.

Représentation de la Mère de Dieu dans les icônes orthodoxes
Sur l’icône (à coté de la figure) sont inscrites les lettres grecques ΜΠ ΘY (abréviation de Μητερ Θεου, qui signifie Mère de Dieu) et parfois des lettres du slavon d’église МН БЖН.
Le nimbe de la Vierge Marie, contrairement au nimbe de Jésus-Christ, n’a pas de croix.
Traditionnellement, la Mère de Dieu porte un maforii (un manteau recouvrant sa tête et toute la figure) de ton rouge foncé et une tunique bleue.
Parfois la Mère de Dieu est vêtue en maforii bleu (répandu à Byzance, et dans les Balkans). Elle a été représentée ainsi dans la cathédrale de l’Annonciation du Kremlin de Moscou par Théophane le Grec.
Les trois étoiles d’or sur le maforii sont un signe de son immaculation (« elle a conçu, a donné naissance et est décédé d’une manière immaculée »).
L’image de la couronne sur la tête de la Vierge est venue de l’Europe Occidentale et est très rare dans la tradition iconographique orthodoxe.
Dans la tradition russe, les noms des icônes sont souvent les épithètes de la Mère de Dieu ou des toponymes, indiquant le lieu où se trouve l’image vénérée ou d’où il vient.
Il existe 4 types d’icônes de la Mère de Dieu, dans l’iconographie orthodoxe. Nous allons voir leurs particularités, ainsi que de petits détails auxquels on ne fait pas spécialement toujours attention.
1. L’Orante ou Znamenie
- orante (du latin « en prière »)
- znamenie (en russe: знамение, « le signe »)
Le schéma iconographique de ce type est basé sur deux textes, de l’Ancien et du Nouveau Testament. Le Signe est, en ce sens, l’image de l’Annonciation et la promesse de la Naissance du Christ.
C’est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe: Voici que la Vierge a conçu, et elle enfante un fils, et elle lui donne le nom d’Emmanuel
Esaie 7.14
L’ange lui répondit: Le Saint Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très Haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi le saint enfant qui naitra de toi sera appelé Fils de Dieu
Luc 1.35
Marie est représentée en prière, les bras levés vers le ciel; au niveau de sa poitrine se trouve un médaillon (ou une sphère) avec l’image du Sauveur, situé dans le ventre de la Mère.
L’enfant soit répète le geste de Marie, soit tient dans une main un parchemin (symbole de l’enseignement) et nous bénit avec l’autre main.
La Vierge Marie peut être présentée en toute sa hauteur ou jusqu'aux dessus des épaules.



2. L’Odigitria
- du grec « je guide »
La figure de la Mère de Dieu est représentée frontalement (parfois avec une légère inclinaison de la tête), jusqu'au dessus de la ceinture, ou plus rarement jusqu'au dessus des épaules. L’enfant Christ est assis sur sa main, comme sur le trône, la Mère le pointe de l’autre main. Jesus bénit d’une main sa mère ou le geste de bénédiction peut être dirigé directement vers nous. Dans l'autre main il tient le parchemin enroulé (variantes: sceptre et orbe, livre, parchemin déplié).
La clé de ce type d’icônes est dans le geste de la Vierge, indiquant le Christ: la Mère de Dieu nous guide spirituellement et nous dirige vers lui. Elle lui porte nos prières, elle intercède pour nous devant lui.



Chaque petit détail mérite une attention particulière. Les différences iconographiques sont liées aux détails historiques de chaque image :
La troisième main de « La Mère de Dieu aux trois mains » a été ajoutée par St. Jean Damascène, lorsque, par sa prière, la Mère de Dieu lui a rétablit sa main coupée.
Mère de Dieu aux trois mains La blessure saignante sur la joue de la « Mère de Dieu Iverski » nous ramène à l’époque de l’iconoclasme: lorsque selon la légende cette image a été attaquée, l’icône à saigné à cause du coup de lance.
Mère de Dieu Iverski
3. « Oumilenie »
- en russe: умиление, « tendresse »; dans la version grecque orthodoxe : « Glikophilousa » (« Doux baisers »)
Ce type n’apparaît probablement pas avant le Xe siècle, mais devient particulièrement populaire dans la peinture d’icônes byzantine et russe. C’est le plus lyrique de tous les types, révélant ainsi le côté intime de l’accointance de la Mère et de son fils.
Marie et l'enfant Jésus, se touchent par les joues. La tête de Marie est inclinée vers son fils, et Lui, accole sa main à son cou. La mère de Dieu est représentée jusqu'au dessus de la ceinture, rarement - jusqu'au dessus des épaules (Mère de Dieu Korsunskaya).



Une variante du type iconographique « Oumilenie » est le type « Joueur » (Взыграние), qui était répandu principalement dans les Balkans. L’enfant est présenté dans une position plus détendue, comme s’il jouait. Il touche le visage de la mère avec sa petite main.
Oumilenie de Iaroslavl
4. L’Acaphiste
- en russe: акафист
Le quatrième type n’a pas de contenu théologique tel que les trois premiers. La signification principale de ces icônes est la glorification de la Mère de Dieu. Les images sont basées sur les hymnes liturgiques, les récits historiques, les légendes des miracles. Ce type inclut les icônes où la Vierge est représentée sans enfant.


