Eglise orthodoxe russe et cimetière à Boulogne Billancourt

Eglise orthodoxe russe de Saint-Nicolas-le-Thaumaturge

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Nous ne décrirons pas en détail tous les problèmes religieux qui ont semé la discorde parmi l’émigration russe durant des années d’épreuves. Disons seulement, que dans l’émigration, il y avait deux églises:

  • l’une – liée au patriarcat de Moscou, l’église du métropolite Evdokiy (Евдокий), qui, bien qu’il condamnait les actions des soviétiques, considérait qu’il était de son devoir d’obéir;
  • l’autre, d’Anthony (Khrapovitsky), qui depuis le synode de Karlovac de 1921, refusant «d’obéir au métropolite, qui était en contact avec les Soviétiques», dirigeait l’église orthodoxe russe indépendante.

À Paris, les offices de cette dernière ont eu lieu rue d’Odessa, tandis que la cathédrale de la rue Daru était subordonnée au métropolite Evdokiy. En pratique, les émigrés faisaient leur choix en fonction de l’atmosphère qui régnait dans la paroisse, et plus encore – de sa proximité…


C’est l’Église qui a essayé d’unir tous les émigrés Russes qui vivaient à Boulogne Billancourt, et non sans succès. Grace à l’Eglise, ont été crées des lycées et des librairies russes, des sociétés caritatives, des journaux, la Croix-Rouge russe, des crèches et des jardins d’enfants.

La première église orthodoxe était située dans l’ancienne rue des Nations (aujourd’hui rue des Peupliers). C’était une cabane en bois, qui a été démolie à la fin des années 1920.

L’église orthodoxe russe de Saint-Nicolas-le-Thaumaturge au 132 bis rue du Point du Jour a longtemps été le point d’ancrage de la communauté russe en exil. Toute simple de l’extérieur, désormais enserrée au milieu des immeubles modernes, avec ses murs blancs et sa coupole bleue, elle est  le dernier vestige de ce qu’on appelait « Billancoursk ». Construite en 1927 puis détruite par les bombardements de 1943, elle a été reconstruite à l’identique sur son emplacement d’origine. De nos jours, elle accueille les fidèles tous les samedi soir et dimanches matins.

Entre les deux guerres, cette petite église a connu une activité intense. On y donnait des concerts, des conférences, des cours de théologie, on y baptisait les enfants, on se mariait. On célébrait les funérailles de ceux qui reposent aujourd’hui au cimetière Pierre-Grenier comme le célèbre poète russe Vladislav Khodassevitch, qui vécut à Boulogne Billancourt pendant 17 ans.


Cimetière Pierre Grenier

Khodassevitch, n’est pas le seul Russe talentueux à être enterré dans le cimetière de Boulogne Billancourt. Le nouveau cimetière local contient une centaine de tombes de Russes. Parmi elles reposent ceux qui ont fait l’histoire de la communauté de Billancourt.

Y repose le célèbre philosophe-existentialiste et écrivain Leon Shestov (Schwartzman) (Лев Исакович Шварцман), qui donna des conférences à la Sorbonne, dont beaucoup étaient consacrées à Dostoïevski, à Tolstoï et à la pensée philosophique russe.

Il y a aussi la tombe du sculpteur Akop Gurdjan (Акоп Маркарович Гюрджан), né dans le Haut-Karabagh, qui a étudié dans l’atelier de Paolo Trubetskoy à Moscou, puis à l’Académie Julian à Paris. De retour à Moscou en 1915, il crée les bustes de Scriabine, Rachmaninov, Chaliapine, Beethoven, Tolstoï (ce buste se dresse au square Léon Tolstoï à Paris, le long du boulevard Suchet). Au début de 1921, Gurdjian obtint l’autorisation de se rendre en France. La raison officielle est la peur du sort de ses travaux laissés à l’étranger. Il est mort en 1948 à Boulogne Billancourt.

Deux autres sculpteurs russes reposent dans le même cimetière. Le premier d’entre eux, Nathan Imenitov (Натан Именитов), originaire de Lettonie, s’est installé à Paris en 1904 (puis en 1921 à Boulogne Billancourt). Il est décédé à Boulogne-Billancourt en 1965, à l’âge de 82 ans.

L’autre est Leonidas Inglezi (Леонидас Инглези), un grec russe, un secrétaire de la Douma dans une petite ville russe Nikolaev. Il a émigré à Paris en 1928, et pendant trente ans il a travaillé sur le au 65 boulevard Arago à Paris, dans l’atelier du mosaïste Boris Anrep. Inglezi a déménagé à Boulogne Billancourt dans les années 60. Il a passé les derniers mois de sa vie dans la maison de retraite russe Zemgor à Cormeilles-en-Parisis, près de Paris, où il est décédé. Une plaque de mosaïque créée par lui-même, est installée sur sa tombe.


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