À Saint-Pétersbourg, Fiodor Dostoïevski y a vécu pendant 28 ans. Dans ses oeuvres, une ville morne et triste devint le fond de destins tragiques.
Dans le roman « Crime et châtiment », Rodion Raskolnikov fréquente différents endroits à Saint-Pétersbourg et réfléchi: un meurtre est-il moralement tolérable s’il conduit à une amélioration de la condition humaine?
Suivons ses pas dans la ville où il commet un double meurtre et passe du crime au châtiment.
- Кокушкин Мост
- Place Sennaya
- Pont de l’Ascension (Voznesenski most)
- Kaznacheyskaya Ulitsa, 7.
- Maison de Raskolnikov (Grazhdanskaya Ulitsa, 19)
- Maison de la vielle usurière (Quai du canal Griboïedov, 104)
- Commissariat de police (Quai du canal Griboïedov, 67)
- Maison de Sonia Marmeladova (Quai du canal Griboïedov, 73)
Place Sennaya
Commençons la promenade depuis la place Sennaya (dans la traduction française, cette place est appelée la Place des Halles). C’est là que le personnage principal, Rodion Raskolnikov, a eu l’idée de l’assassinat d’une vieille usurière.
Voici le fait qui resta toujours pour lui une énigme: Pourquoi, alors qu’il se sentait fatigué, harassé, qu’il aurait dû rentrer chez lui par le chemin le plus court, le plus direct, pourquoi était-il retourné par la place des Halles centrales où il n’avait rien à faire? Il était tenté de le croire préparée par le destin.

Sur cette même place, Raskolnikov s’est repenti du crime, mais l’attention des passants ne lui a pas permis de se confesser à voix haute.
Il arrivait à la place des Halles. Il venait de se rappeler les paroles de Sonia. « Va au carrefour, salue le peuple; baise la terre que tu as souillée par ton crime et proclame tout haut à la face du monde: Je suis un assassin!
Pont Kokouchkine

Depuis la place Sennaya, tous les héros du roman se rendaient chez eux par le pont Kokouchkine: le pont Sennoy, qui pouvait raccourcir le chemin, n’existait pas encore. Ici, sur le côté gauche du quai du canal de Griboïedov, se trouve aujourd’hui le « Quartier Dostoïevski ».
Maison de Raskolnikov
- rue Grazhdanskaya, 19

Le pont Kokouchkine et la maison de Raskolnikov, un bâtiment jaune à quatre étages, sont relies par Stolyarnyy Pereulok. L’auteur n’a pas indiqué cette adresse précisément dans le roman.
Par une soirée extrêmement chaude du début juillet un jeune homme sortit de la toute petite chambre qu’il louait dans la ruelle S… et se dirigea d’un pas indécis et lent, vers le pont K…

Fiodor Dostoïevski a toutefois décrit de nombreux détails de la maison et de ses environs: la cage d’escalier, 13 marches, un grenier, et une cuisine dans la cour, où Raskolnikov a volé une hache. Après la refonte du bâtiment, de nombreux détails ont été restaurés conformément aux oeuvres de Dostoïevski. Les hommes de lettres ont toujours remarqué que l’auteur a été scrupuleux et cohérent dans les détails: c’était l’originalité de sa méthode; à un moment donné, il a cessé d’inventer et a commencé à vivre, s’incarnant dans ses héros.
En 1999, un haut-relief portant l’image d’un vagabond et une inscription a été placé sur la façade: « Maison de Raskolnikov. Les destins tragiques des habitants de cette localité de Saint-Pétersbourg ont servi à Dostoïevski pour le sermon passionné sur le bien de toute l’humanité. »
rue Kaznacheyskaya, 7
Dans le roman Raskolnikov passait par Stolyarnyy Pereulok devant l’immeuble où vivait Dostoïevski lui-même en 1864-1867.

Ici, l’écrivain travailla sur « Crime and Châtiment », « Les Carnets du sous-sol », et le roman « Le Joueur ».
Maison de la vielle usurière
- quai du Canal Griboïedov, 104
Ensuite, Rodion Raskolnikov allait jusqu’à la maison où vivait la vieille usurière.

Il n’avait pas loin à aller, il connaissait même le nombre exact de pas qu’il avait à faire de la porte de sa maison, juste sept cent trente. Il les avait comptés un jour que ce rêve s’était emparé de lui. <…> Le coeur défaillant, les membres secoués d »un tremblement nerveux, il atteignit enfin une immense bâtisse dont une façade donnait sur le canal et l’autre sur la rue. Cette maison divisée en une foule de petits logements était habitée par de modestes artisans de toute sorte, tailleurs, serruriers, etc. Il y avait là des cuisinières, des Allemands, des prostituées en chambre, des petits fonctionnaires.
Pont de l’Ascension (Voznesenski most)
Pour rentrer Rodion Raskolnikov passa par le pont de l’Ascension. Pendant la durée du roman, ici, le héros s’est plusieurs fois laissé aller à la pensée. À cet endroit, sous ses yeux, Afrossiniouchka s’est noyée, et Katerina Marmeladova a obligé ses enfants à chanter et à danser pour la charité.

Raskolnikov était allé droit au pont …ski. Arrivé sur le milieu du pont il s’accouda au parapet et se mit à regarder au loin. Sa faiblesse était si grande qu’il avait eu peine à se trainer jusque-là. <…> Penché sur l’eau, il fixait machinalement les reflets roses du couchant, les rangées de maisons obscurcies par les ombres crépusculaires <…> Ensuite, il reportait ses regards sur l’eau noire du canal et demeurait fixé dans une contemplation attentive.
Maison de Sonia Marmeladova
- quai de canal Griboïedov, 73
En partant du pont de l’Ascension le long du quai gauche du canal de Griboïedov, on arrive à la maison de Sonia Marmeladova – «une maison au bord d’un fossé» (dans la traduction française « maison du canal »). « Un fossé » (« канава » en russe), c’est ainsi que l’écrivain appelait le canal de Griboïedov. Dans cette maison, Sonetchka Marmeladova loua une pièce.

Raskolnikov se rendit droit à la maison du canal où habitait Sonia. C’était une vielle bâtisse à trois étages, peintes en vert. <…> La pièce ressemblait à un hangar. Elle avait la forme d’un quadrilatère irrégulier, ce qui lui donnait un aspect biscornu. Le mur percé de trois fenêtres qui donnaient sur la canal s’en allait de biais et formait un angle aigu, et si profond qu’on n’y pouvait rien distinguer dans la faible clarté répandue par la chandelle. Quant à l’autre angle, il était exagérément obtus.
Commissariat de police
- quai du Canal Griboïedov, 67
Ici Raskolnikov a été convoqué pour avoir omis de payer sa dette, presque immédiatement après le meurtre. À la fin du roman, Raskolnikov s’est présenté au même bureau avec des aveux.

Le commissariat venait d’être transféré au quatrième étage d’une maison neuve située à deux ou trois cents mètres de chez lui. Le jeune homme s’était rendu une fois à l’ancien local occupé par la police, mais il y avait fort longtemps de cela. <…> L’escalier était droit et raide, tout couvert de détritus. Toutes les cuisines des quatre étages donnaient dessus et leurs portes restaient presque tout les jours grandes ouverts. Aussi, la chaleur était-elle suffocante.